Sainte-Bazeille, dont le passé est particulièrement riche en événements, porte le nom d’une jeune fille, Basilia, qui fut, d’après la légende, martyrisée sur son sol au IVème siècle.
Le site de Sainte-Bazeille fut occupé dès la préhistoire. De nombreux fragments prouvent l’antiquité de la ville : quantité d’armes en silex, tombelles gauloises, camées en pierres précieuses, colliers et bracelets en or. Après la conquête de Crassus (jeune lieutenant de Jules César), les Romains établirent une cité entourée de murailles, dotée de deux portes qui se serait appelée selon certains «Aurangia». Plus tard, elle subit successivement le joug des Wisigoths, des Sarrazins, des Normands et fut plusieurs fois saccagée et brûlée.
Au début du Moyen-âge, elle forma, avec Lamothe-Landerron, une seigneurie qui tirait ses revenus de ses riches terres et des droits de péage sur le fleuve. La paroisse qui disposait alors de trois églises (une à l’intérieur de la cité et deux à l’extérieur) dépendait du diocèse de Bazas.
Placée sous autorité anglaise au XIIIème et au début du XIVème siècle, elle entra ensuite dans le giron des Albret, pour de longues années. Cette noble famille entretint le château qu’elle possédait dans l’agglomération, et Jeanne d’Albret parvint à introduire le protestantisme dans la cité. Dès lors, celle-ci fut protégée par Henri de Navarre (le futur Henri IV), mais ses murailles durent être détruites sur ordre du Parlement de Bordeaux dans les années 1580. Démunie de fortifications, elle fut, en 1586, soumise à un rude siège durant lequel Sully figura parmi ses défenseurs.
En 1651, Louis XIV donna le duché d’Albret aux Ducs de Bouillon qui devinrent les nouveaux seigneurs de Sainte-Bazeille.
Sous la Révolution, le village, qui disposait d’un régiment formé à l’aide de ses habitants, demanda à faire partie du département de la Gironde mais fut néanmoins rattaché au Lot-et-Garonne.
En 1851, Sainte-Bazeille fut le théâtre d’une bataille entre les républicains marmandais, opposés à l’avènement du futur Napoléon III, et les troupes gouvernementales.
Au XIXème siècle, le village connut les bienfaits du modernisme avec l’implantation de la voie ferrée, de la poste et l’arrivée de l’électricité.
Le village traversa les deux guerres en perdant de znombreux enfants et il est devenu depuis une cité rurale. On y pratique les cultures légumières et fruitières, et quelques entreprises commerciales s’y sont implantées.
Sainte-Bazeille n’en garde pas moins de riches traces de son passé :
– Des vestiges de l’Antiquité (mosaïques, monnaies, poteries ..) exposés dans son musée archéologique (ouvert le dimanche de 14h30 à 18h00).
– des mosaïques polychromes,
– un pan de mur ayant appartenu aux anciennes murailles épaisses qui formaient l’enceinte de la ville,
– une vieille fontaine,
– une église, mentionnée dès 1121 par l’évêque de Bazas, située dans le vieux cimetière,
– une église paroissiale actuelle, à l’origine chapelle romane, remaniée et reconstruite dans sa forme actuelle en 1892, d’après les plans de l’architecte agenais Courau,
– des vitraux du XIXème réalisés par le maître verrier Henri Feur,
– le château « La Placière » construit au XIXème par la famille Douet. Il est aujourd’hui la propriété de la commune et abrite la bibliothèque municipale
– le château « Lalanne », résidence du gouverneur sous Louis XIV puis du général de Bentzmann, héros des campagnes de Crimée et d’Afrique, actuellement propriété privée,
une fontaine,
– la chapelle de « Neufons » ; une légende se rattache au lieu-dit : c’est là que Basilia, fille de Catellius et de Calcia, tous deux païens, aurait été décapitée. Sa tête détachée du tronc par la hache du bourreau, aurait rebondi neuf fois sur le sol en faisant jaillir autant de sources. Une chapelle a été bâtie en ce lieu (petit oratoire flanqué aux angles de gros contreforts qui paraissent être du XIVème siècle),
– quelques vieilles maisons,des rues aux noms qui évoquent son passé commerçant : la rue des Liqueurs (deux distilleries fabriquaient entre autres « la Garonne » et « la Bazeillaise », une heureuse contrefaçon de la Chartreuse), la rue des Cohés (d’importantes chapelleries employaient de nombreux ouvriers et ouvrières), la rue des Tanneries.
– En 2011, Sainte-Bazeille compte près de 3 100 habitants, de nombreux commerces (boulangeries, épicerie, charcuterie, boucherie, quincaillerie, pharmacie, restaurant, bars, brasserie, boutique de presse, bureaux de tabac, salons de coiffure, esthéticiennes) ainsi qu’un tissu associatif, médical et paramédical complet.
L’Église Notre-Dame
Vers les années 1100, c’est une chapelle romane, dite Sainte Marie-Madeleine, qui prend en 1568 le titre de Chapelle de la Mothes. Après son agrandissement au XVIème siècle, elle prend le nom d’Église Notre-Dame.
Elle est détruite vers 1890, à l’exception du clocher, puis reconstruite entre 1890 et 1901, selon les plans établis par l’architecte agenais Albert Courau. L’ancienne tour de garde du XIIIème fût dotée d’une flèche au XIXème siècle et devint ainsi le clocher de Sainte Bazeille. Aujourd’hui, l’église Notre-Dame possède une nef de style gothique soutenue par des piliers formés de trois colonnes accolées. Elle est dotée d’une frise ornée de feuillages et est bordée, sur chacun de ses côtés, par quatre chapelles. Ses vitraux représentent les scènes de l’ancien et du nouveau testament.
L’Église du cimetière
De construction romane du XIème siècle environ, sa forme est celle des premières basiliques. Elle est entourée d’une nécropole du haut Moyen-Âge, ainsi que de murs en petits appareils, d’une hauteur d’un mètre. Il semblerait que lors des invasions par les Normands, ce lieu était déjà une nécropole.
La chapelle de Neuffons
Elle doit son nom à la légende de Sainte-Bazeille. Une fontaine subsiste contre le bâtiment. Ce petit édicule du XIVème siècle fut doté d’objets de culte en 1730 pour des processions venant du village.
La légende de Sainte-Bazeille
Sainte-Bazeille (Basilla) avait huit sœurs qui moururent vierges et martyres ; c’est notre sainte qui souffrit la première.
Le père de Basilla était païen, gouverneur de Galice, et s’appelait Catellius. La mère, du nom de Calcia, païenne aussi, demandait aux dieux la naissance d’un garçon. Mais, trompée dans ses espérances, elle mit au monde neuf filles jumelles. Catellius chargea un serviteur de les noyer, mais, pris de pitié, l’homme les confia à sa femme qui, chrétienne, les éleva dans sa foi. Quelques années plus tard, on amena les neuf sœurs devant Catellius qui persécutait les chrétiens. Le père demanda à Basilla d’abjurer sa religion et d’adorer les dieux afin qu’il la marie à un puissant seigneur. La jeune fille refusa et le persécuteur lui demanda de choisir entre l’obéissance ou la décapitation. Profitant du délai qui lui était accordé, Basilla s’enfuit vers d’autres régions et continua à servir Dieu, mais Catellius la fait poursuivre et l’atteint bientôt dans le bois où elle s’était réfugiée.
A la vue de son père, Basilla tombe à genoux, mais, fou de rage, Catellius lui tranche la tête. De cette tête tranchée coule du sang (le signe du martyre) et du lait (le signe de chasteté). En même temps, la tête rebondit neuf fois et neuf sources jaillissent. C’est là qu’est construite la chapelle de Neuffons.